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Katmandou, Lundi 3 avril 2006,
HISTOIRE D’UN TREK Un trek, ca commence par 5 heures de bus… donc 3 sur un chemin de terre ! Et ca, c’est aussi fatiguant qu’une journee de trek ! Mais les paysages valent le detour : Vallee magnifique, vegetation luxuriante… J’apercois les habitants les pieds dans les rizieres inondees travailler la terre. Ici on laboure encore avec les bœufs, ou buffalos comme ils les appellent ici (ce qui les differencient de la vache sacree !). La region beneficie de deux recoltes de riz par an, contre une pour le reste du pays… et c’est la periode des semances ! Le reste de la journee, je me contenterais de repos et d’une ballade dans les villages au alentour du lodge ! Mon guide est sympathique. Il s’appelle Bijay (ca se prononce Bizay) ! 22 ans, celibataire (plus ou moins), il reve de trouver l’ame-sœur !!!
Le premier jour de marche, on remonte la vallee. Tout le long du parcours, de nombreux ouvriers s’attellent a construire une route. Ici, comme l’agriculture, tout se fait a la force des bras ! Les seuls outils qu’ils aient dans cette region retiree sont des pioches et des pelles… et leurs eternelles corbeilles en osier qu’ils remplissent de caillasse avant de les porter grace a une sangle qu’il leur enserre le front ! Travail de titans… Et puis c’est la rencontre avec les maoistes ! Une bande de civils nous hele un peu plus loin derriere nous sur le chemin. Discussion avec le guide, je comprends rapidement qu’ils reclament une taxe ! Le Haut Commandant (c’est comme ca que le nommera Bijay un peu plus tard) griffonne un recu (en Nepalais et dans un anglais approximatif) contre mes 500 Rs (100 Rs la journee !). Il me tend le papier et me lance un « Thanks for help ». De rien… Timbu se dessine ensuite devant nous. C’est un petit village accroche au flanc de la montagne. Ce sera notre premiere etape. Devant nous s’eleve les 1000m que deniveles que nous auront a gravir demain ! Dans l’apres-midi, je vois descendre de la montagne un vieil homme hollandais (il me dira ensuite, je l’avais devine non !), seul. Il vient s’asseoir a mes cotes une fois sa dure descente achevee ! Il m’explique qu’il marche depuis une quinzaine de jour, et qu’il a passe des cols enneiges, seul !!! Il faut etre prudent qu’il me dit ! C’est sur. D’apres ce que j’ai compris il fait une etude sur un combustible tresa leger et peu volumineux, ne creant pas de fumee, et capable de cuire un plat pour une famille entiere. Il dit que ca peut etre pratique pour les gens de la montagne et leur probleme de bois. En altitude, il font cuire leur aliment en brulant de la bouse de yak sechee. C’est sur que ca peut les aider ! Il reprends rapidement sa route. Il veut rejoindre Katmandou demain pour rediger ses resultats. Il me dit avant de partir qu’il a ete heureux de parler a un francais qui se debrouille bien en anglais. « Pour une fois » dit il en souriant ! Ca fait plaisir, moi qui etait une bille avant de partir !
Lendemain, ascension difficile pendant 5 heures, mais le plaisir de marcher dans l’himalaya vaut bien cet effort ! Je croise plusieurs stupas bouddhistes, autour desquelles il faut tourner dans le sens des aiguilles d’une montre. Et j’ai le bonheur d’admirer quelques oiseaux inconnus de la France, dont l’un avec une longue queue et un autre avec le flanc d’un rouge eclatant ! Je decouvre au lodge le sommet de 3700 qui me domine ! Mais malheureusement, je le gravirais pas. Depuis hier apres midi, je suis malade, probleme intestinaux pour changer... et ca me coupe les jambes. Je decide donc d’ecourter le trek ! Deux choses me consolent : la premiere, c’est que dans la tradition nepalaise, les sommets sont la demeure des dieux et il ne faut pas les violer. Je ne sais pas si ce « petit sommet » de l’Himalaya heberge un dieu, mais disons que j’aurais respecter la coutume. La seconde, c’est que la vue n’est degagee qu’au petit matin. Ensuite une sorte de brume (je ne sais pas si le mot brume soit juste) cache les reliefs. C’est bizarre. Le zenith est bleu et l’horizon completement blanc ! Le sommet, on ne l’aurait atteint qu’a 10-11h minimum, autant dire qu’on aurait rien vu... et les 1000 m montee, on aurait du les redescendre dans la meme journee parce qu’il n’ya rien la haut !
Vendredi, sentier de crete pour rejoindre Sarmathang, un village bouddhiste a 2650m d’altitude. Je me retourne une derniere fois pour voir le sommet me dominer, et puis je pars. La sante n’est toujours pas au mieux ! Et l’apres-midi est consacre au repos ! Il fait vite froid a cette altitude (si, si, meme a 2650m ca caille !) et je suis invite a rentre dans la cuisine (chose impossible chez les hindous, ou c’est un sacrilege de jeter un oeil a la cuisine sous peine de souiller les aliments de notre regard paien !). Mais ici ce sont des villages styles tibetains, avec les drapeaux tibetains qui flottent devant les maisons. Ue jeune femme prepare le repas, son sourire est charmant. Un vieil homme et son fils arrivent. Tout le monde se rechauffe autour du petit feu, qui n’est allume que le temps de preparer a manger (les combustibles valent de l’or ici !). Je suis le seul etranger dans le lodge, les touristes sont rares (comme durant tout le trek d’ailleurs !) et je mange en leur compagnie ! La nuit tombe rapidement, l’electricite solaire ne durera que jusqu’a 8 heures. Apres, comme tout les soirs, nous sommes plonges dans le noir, et il ne reste plus qu’a aller se coucher et attendre le lever du jour a 6h le lendemain !
Au matin j’ai la chance d’assiter a la priere bouddhiste du vieil homme. La jeune fille s’active deja pour le petit dejeuner. Le chant tibetain est apaisant. Durant la demi heure ou je suis installe a cote de l’atre, je reste silencieux, en compagnie de ces 2 personnages. Le vieil homme est encore installe dans son lit, assis, la couverture ne recouvrant qu’une de ses epaules. Il fait glisser entre ces doigts chaque boule de son chapelet a priere, en psalmodiant des paroles tibetaines. Une bougie est allumee un peu plus loin, eclairant un petit bouddha. Je bois gorgee par gorgee mon the au gingembre, et j’apprecie mes chapatis au miel. Puis nous partons en remerciant nos hotes. La journee de marche aujourd’hui nous amenera 1000m plus bas, au premier lodge ou j’ai dormi ! La descente est ereintante, et la derniere heure dans la vallee me parait interminable. J’arrive au terme du trek sur les rotules ! La journee de repos ici et les deux jours a Katmandou feront du bien...
LA FRANCE... Aujourd’hui, passage eclair en territoire francais... Si, si, je vous assure ! Ambassade de France, 16h. Je ne serais plus un etranger pendant 45 min ! J’ai decide d’aller consulter le medecin de l’ambassade, mes problemes ne s’ameliorant pas franchement malgre le traitement. A la description de mes symptomes, il trouve d’emblee ce que j’ai... et me dit que c’est normal que le traitement soit innefficace. Giardiase, maladie provoquee par un parasite present dans l’eau. La petite bete est passee a travers mes mesures de preventions (The mal bouilli, filtre inneficace, eau du robinet sur la brosse a dent ?). Rien de grave, je vous rassure... Ca passe au bout de quelques semaines si on ne se soigne pas, apres 2 jours si on prend un traitement specifique ! Il me prescrit le medicament et me previent que 10% des medicaments nepalais sont de la contrefacon, donc pas d’inquietude si ca ne marche pas, il faut juste en racheter d’autres ! Pour eviter tout problemes (et vu que je voyage pendant quelques jours a partir de demain), je suis aller dans 2 pharmacies differentes (le traitement ne coute ici que 50 centimes d’euros, alors je ne me ruine pas). Ca serait quand meme moche que les 2 soit inneficace ! Allez, je croise les doigts...
FAITS DIVERS Sur ce chemin presque pas carrossable que nous avons parcouru le premier jour depuis Katmandou, j’ai vu un homme tombe du toit du bus... Et oui, quand il n’y a plus de place dedans, y en a encore en haut ! Heureusement, plus de peur que de mal, il est tombe dans les fourres et n’a rien eu... a part un bon coup de frayeur !!!
Au retour, sur ce meme chemin, c’est un homme fou qui nous accompagne dans le bus. Ils ne sont pas trop de trois pour le retenir quand il se tape une crise !!! J’ai l’impression qu’il va arracher les sieges... et il beugle tout ce qu’il peut ! Le bus fera gentiment un petit detour de sa route pour le deposer devant l’hopital... Calme retrouve mais rapidement perturbe par la poule qui manifeste son mecontentement d’etre ainsi enfermer dans un sac. Seul sa tete en sort !!! Ambiance assuree dans les bus nepalais...
Je deviens un pro de la lessive a la main, accroupi en calecon au milieu des salles de bain ! Enfin, il ne faut pas que je le dise trop fort sous peine d’etre embauche en rentrant.... D’ailleurs, en France, je crois que je pourrais faire l’apologie de la machine a laver. Le plus chiant, c’est l’essorage...